Domaine Mayard chateauneuf du pape

Vous le savez, chez iDealwine nous adorons dénicher de nouvelles pépites, vibrer pour des vins inconnus. Chose faite avec le domaine Mayard qui a séduit toute notre équipe (dès le premier millésime 2021), dont deux membres lui ont rendu visite en novembre 2024. Le domaine produit déjà de très grands vins qui vont, nous n’en doutons pas, rapidement devenir immenses ! Présentations.

Repartir de zéro après un passé familial vigneron

Le domaine Mayard a été créé en 2021 par Arthur et Hugo Mayard, représentants de la 6e génération d’une famille de vignerons de Châteauneuf-du-Pape. Celui-ci est né de la scission de la propriété familiale, les Vignobles Mayard, en deux entités : le domaine Mayard d’un côté et le Clos du Calvaire de l’autre (détenu par le cousin des deux frères Mayard).

A ce moment-là, les deux frères se retrouvent à la fois riches d’une dizaine d’hectares de vignes à Châteauneuf-du-Pape, un patrimoine de vignes de 70 ans en moyenne ; et pauvres car, repartant de zéro, tout était à reconstruire. « On est des opportunistes » plaisante Arthur. Le domaine n’a pas de clients, pas de cave, pas de stock de vin. Ni une, ni deux, les deux frères installent une cave dans la maison familiale, des bâtiments qui datent du 16ème siècle et où la famille est installée depuis 1865. Malgré la vocation vigneronne de la famille, c’est bien la première fois que ces murs renferment une cave de vinification, qui avait été par le passé une zone de stockage et de vente de vin.

Arthur nous explique « Châteauneuf-du-Pape est la deuxième plus grande appellation française, après Pessac-Léognan. On parle de 3200 hectares de vignes, à l’époque de mon père et de mon grand-père, beaucoup de gens du bourg étaient courtiers pour envoyer les vins à l’export ».

Parcours parsemé d’embuches

Dès le début, c’est un véritable challenge : « 2021, la propriété gèle à 80%. 2022 on grêle 3 fois avec un bouquet final le 15 aout, on se précipite alors pour vendanger le plus vite possible ce qu’il reste. 2023 : on se prend un mildiou atroce en plein milieu du mois de juin. 2024 : c’est la totale, mildiou, coulure sur le grenache, grêle début aout. En 2024 on a traité 15 fois au lieu de 4 ou 5, une terrible impression de repartir de zéro… » nous détaille Arthur, qui n’en perd ni son sourire, ni ses petits yeux pétillants. Ne parlons pas des 7 cépages différents que les deux frères apprivoisent petit à petit, chacun avec des fenêtres de maturité différentes. Le grand-père disait bien justement « il y a un moment pour tout, trop tôt c’est trop tôt, trop tard c’est trop tard ». Le vignoble est étalé dans plusieurs zones de l’appellation, même si une grande partie est plutôt au sud, vers Sorgues, dont la proximité du Rhône rend l’atmosphère assez humide et donc propice au mildiou. Le domaine possède 5 hectares au Grand Coulet, 2 hectares aux Serres, 1,5 hectare à la Crau (des grenaches plantés sur des sables par l’arrière-grand-mère en 1904), 1 hectare dans les bois au Pointu (du mourvèdre), 3,5 hectares à Lirac…

Deux frères passionnés de vin et de rencontres

Vous l’avez compris, la genèse du domaine s’est écrite avec Arthur et Hugo. Arthur nous explique « j’ai le défaut d’avoir fait une école de commerce ». Mais pendant ses études, il rencontre des amis élèves en BTS viti-oeno à Beaune, passionnés par leur métier. Son sang ne fait qu’un tour, il complète sa formation de Stratégie des Entreprises à Lyon par un diplôme de Technicien en Œnologie à Dijon ; puis voyage un peu dans le monde entier, notamment en Afrique du Sud, avant de revenir auprès de sa famille dans le Rhône pour faire du vin. A noter qu’Arthur est complètement geek du vin, « depuis 2015 je bouffe 7h de conférence par semaine » sur des sujets de flux de sève, d’énergie des sarments, de photosynthèse, de biomasse, de couverture végétale… sans compter les discussions entre vignerons, professionnels ou passionnés, ni les cycles de conférences qu’il a mis en place un temps avec et pour les jeunes viticulteurs de Châteauneuf. Nous confirmons que si on ne l’arrête pas sur ces sujets passionnants, on y reste une nuit ! Hugo, pour sa part a un bagage scientifique, un DUT pour valise, mais il reconnait également avoir davantage appris avec l’expérience et les partages avec les hommes et les femmes de la vigne. L’équipe s’est rapidement élargie, avec leur beau-frère Jean, mais aussi un apprenti et une équipe pour travailler les vignes. Une petite fourmilière de 10 personnes en tout, pour 18 hectares de vignes.

Des vinifications lentes, douces et naturelles

Domaine Mayard cuves et oeuf

L’objectif fixé dès le début du projet est simple : produire des vins qui soient bus, dans leur jeunesse comme avec un peu d’âge. Pour cela, la recette des frères Mayard en cuverie est simple : une vendange partiellement éraflée, des levures indigènes sans ajouts d’intrants, des cuvaisons longues (40 jours en moyenne) qui assouplissent les tanins mais des extractions courtes et légères. Les frères travaillent avec un système Rpulse dans les cuves, pour renouveler le chapeau dans la cuve sans l’ouvrir, ce qui permet d’utiliser le moins de soufre possible et d’éviter tout risque de bret et de volatile (le domaine ne se revendique pas nature). Cette méthode est aussi un gain de temps, une économie d’eau…

Il n’y a pas de pré-fermentaire, la première cuve qui part en fermentation sert ensuite à ensemencer les autres. Quand on se balade dans la cuverie, on constate une véritable variété de contenants, certains sont d’ailleurs joliment peints et rappellent l’étiquette dessinée par la mère d’un ami d’Arthur. La vinification est opérée dans des cuves en béton, en inox ou en bois, tout est pensé selon la parcelle ou le moment idéal.

Ensuite, l’élevage est opéré dans des cuves tronconiques de bois (qui permet de donner de la structure au vin, et la micro-oxygénation) avant de passer dans des cuves en béton (pour réduire la part du bois dans le ressenti) puis en inox avant la mise en bouteilles, pour que le vin finisse de se mette en place. Pour la cuvée de Côtes du Rhône, la cuvaison est plus courte et l’élevage a lieu entièrement en béton. « Nous tendons vers des cuves plus petites, et faisons aussi des essais dans des œufs et autres contenants. J’aime bien essayer, cela me permet de trier les pratiques qu’on garde ensuite, ou pas. En fait, le plus important, c’est d’être capable de changer d’avis ». L’étiquetage et le cirage des bouteilles est confié à un ami.

Recréer une biodiversité et nourrir la vigne

Le domaine est aujourd’hui en bio (certaines vignes sont encore en conversion), les deux frères se définissent d’ailleurs comme des paysans-vignerons. Les vignes sont entourées de semis végétaux semés au mois d’octobre de chaque année pour permettre au sol de faire face aux canicules, en stockant de l’eau grâce à la matière organique et à l’écosystème recréé. Le travail des sols est plus que limité afin de pas entraver la vie naturellement présente, et même la développer. Certains travaux se font au cheval de trait, comme le décavaillonnage (travailler le sol entre les pieds de vignes). La taille est douce pour préserver les flux de sève. Pour compléter cette approche de maximisation de la biodiversité au sein de ses vignes, le domaine pratique également la viti-foresterie (plantation de poiriers, amandiers, cerisiers et autres, au milieu des parcelles, une petite quarantaine d’arbres à l’hectare) et la viti-pastoralisme. Une grande attention est également portée à la qualité du matériel végétal qui est reproduit par sélections massales et porte-greffes pour replanter les plantiers pour du long terme. L’encépagement se réparti entre grenache, mourvèdre, cinsault et syrah et compte de très belles vieilles vignes avec, notamment, des grenaches vieux de 80 à 120 ans.

Un petit rayas ?

Domaine Mayard Arthur et bouteille

Le domaine produit des cuvées d’assemblage pour offrir la meilleure qualité possible et le digne représentant d’un millésime, en ne produisant qu’un seul châteauneuf-du-pape rouge et un blanc. Les vins du domaine se distinguent par leur extrême élégance et leur toucher de bouche très soyeux. Le type de vin qui, grâce à son style infusé, peut être apprécié par les personnes habituellement peu amatrices de vins du Rhône. On murmure même que ces vins auraient des petits airs d’un certain M. Reynaud avec leurs arômes de fraise écrasée… Un « petit rayas » en somme ! Du très grand dès le premier millésime 2021 et un domaine que nous suivons de près… Vous ne pourrez pas dire qu’on ne vous a pas prévenus ! Le domaine a d’ailleurs d’emblée était remarqué par la presse spécialisée, comme La RVF qui a aussi eu un coup de cœur dès son premier millésime de châteauneuf-du-pape.

Nous avons pu déguster le 2023 : un vin très joli, mis en bouteille au printemps 2025. Coup de cœur, il a un nez très floral, de fraise. Les tanins sont déjà bien intégrés, c’est un vin infusé et frais tout à la fois.

Vins en vente sur iDealwine

  • Châteauneuf-du-Pape 2023 : Un châteauneuf-du-pape fin et élégant, dans uns style infusé aux arômes de zest d’orange, de fraise et de fleur séchée.

Ce qu’en pensent les guides

  • La Revue du vin de France (*1/3) : « Nous apprécions tout particulièrement l’élégance et les touchers de bouche gracieux des vins présentés ».

Cet article a 2 commentaires

  1. Gabriel LEBLOND

    Bonjour!
    Dommage que, quand on clique sur « voir les vins », on obtienne ceci :
    DÉSOLÉ,
    NOUS NE TROUVONS PAS LE VIN RECHERCHÉ
    POUVEZ-VOUS VÉRIFIER VOTRE SAISIE ?
    MAYARD

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